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Il fallait bien que je me décide à y aller...
Je reviens de chez ma mère. J'ai pris ma décision. Rendez-vous pris, demain 14h30.
Cela va faire 5 mois. J'aime bien le chiffre cinq, alors pourquoi pas. Il y a 5 mois le premier août j'avais un peu bu et je m'étais allongé. Vers seize heures le téléphone a sonné. Sur l'écran il y a écrit maison (alors que je vis plus là bas depuis des mois). Je sais déjà ce que c'est avant même d'entendre maman qui pleure. C'est fini, il est mort à trois heures trente.
C'est confus, j'arrive dès que je peux, allez tiens le coup, je raccroche. Je ferme les yeux. Premier souvenir de celui qui n'est plus, le jour où il me séchait après le bain. On me lavait avant que ma mère rentre du travail. Il chantait toujours en me séchant les pieds. C'était des chansons de vieux, normal il était vieux, normal c'était mon grand père.
C'est lui qui m'a élevé quand mon père est parti (une autre histoire), lui et ma grand mère. Pépé et Mamie, j'ai jamais vraiment tranché Papy/Mamie, Pépe/Mémé. Bon voilà, je l'ai perdu. Putain c'est pas bon les larmes.
Je rentre, je sais pas trop pourquoi je ne suis pas plus effondré. J'arrive même à regarder la jolie fille qu'est assise en face de moi dans ce TGV. Comment j'ai pu partir en vacances, comment j'ai pu le laisser dans cette chambre d'hôpital. Comment j'ai pu ne pas revenir en courant lorsqu'il ne pouvait même plus dire de mots distincts au téléphone que ma mère lui tendait alors que je l'appelais pour prendre des nouvelles.
Je repense à la fois où il m'a demandé de l'accompagner manger de la tarte et comment je l'ai engueulé parce qu'il tenait à prendre le volant et qu'on a failli avoir cet accident. Je lui ai parlé comme à un enfant alors que c'était un de ces derniers actes d'homme.
La présentation du corps. J'veux pas le voir
L'église, je chiale comme jamais devant le cercueil.
Le crématorium, c'est moche. Les salauds m'ont pas prévenu avant que le cercueil ne s'enfonce par une sorte d'ascenceur invisible. Je sors , il y a de la fumée qui s'élève par la cheminée et un vieux, mais un vivant, son meilleur pote me prend la main. Rien ne peux sortir, ça comprime toute ma poitrine, ça explose à l'intérieur mais ça sort pas, ça sort pas, ça sort pas.
On met les cendres dans une urne, et l'urne va dans un caveau de famille. Demain pour la première fois je vais aller dans ce cimetière. Demain je vais pleurer, et je vais dire bonjour au vieux.
"Et moi si j'étais le bon dieu
Et bin j'serais pas fier
Je sais on fait c'qu'on peut
Mais, y a la manière". Brel, Jojo.
Ecrit par Kolia, le Dimanche 29 Décembre 2002, 00:38 dans la rubrique Mes histoires.

Commentaires :

tgtg
29-12-02 à 01:17

dur dur

d'être adulte!

 
Judy
29-12-02 à 01:31

Penser à ceux qu'on a perdu
Ne pas les oublier, bien sûr
Ne pas se laisser submerger par leur souvenir, surtout...
Ne pas oublier qu'on pourrait perdre ceux qui sont encore là

Là, j'ai compris le titre de ton joueb "La musique du temps qui passe". Je l'ai entendue, la musique.

 
Gamin
29-12-02 à 01:56

Ca m'a fait la même chose quand mon arrière grand'mère est morte, mais j'avais alors 15 ans... Je l'appelais Grand-mère, puisque pour moi elle était véritablement ma grand-mère, celle qui me consolait quand j'étais gosse, celle qui me faisait les plus beaux cadeaux lors des anniversaires, des fêtes et aux réveillons...
Mon arrière-grand-mère est morte voici maintenant 22 ans, et je n'arrive pas à l'oublier, son sourire merveilleux, je le revois à chaque fois que je vais chez mes parents, il y a une photo d'elle, "la Jeanne", comme dit mon père, une photo en noir et blanc où elle sourit...
On dit toujours que ce sont le meilleurs qui partent les premiers, et je crois bien que c'est vrai...
Je comprends ce que tu ressens, Kolia, et je compatis à ta douleur...
Même si ça fait déjà 5 mois, condoléances... et surtout ne regrette rien, nous avons tous des approches différentes, mais c'est quand le moment se présente que l'on voudrait tout dire et que justement on ne peut rien dire... comme tu l'as si bien écrit...

 
Cameron
29-12-02 à 04:00

on post m'a presque fait pleurer (faut dire que ce soir j'ai été servie côté émotions lol). Il m'a fait penser a mon grand-père.
Enfin bref, je vais pas parler de moi chez toi ^^

C'est dur ce genre de choses.. Très dur. C'est bien écrit aussi.. Je sais ça peut paraitre idiot, mais je le dis, c'est bien écrit. Alors voilà quoi, y a pas grand chose à dire, désolée. Tout ce qu'il "faut" dire quand ça arrive me parait inutile comme de trop, et le reste.. Ca me rend dingue tout ce qu'on peut pas faire passer par le net simplement parce qu'il y a pas de mots pour l'exprimer.

Y a toujours des choses qu'on regrette quand on perd quelqu'un, des "si j'avais", "pourquoi j'ai", "si seulement".. C'est douloureux, vraiment douloureux toutes ces questions..

Voilà, je n'ai a dire sinon que je.. J'aime pas dire "je compatis" alors disont.. Je devine, plus que je ne comprends vraiment, ta souffrance. Et puis.. Pour le reste le petit texte très beau qu'a mit Judy exprime bien ce que je pense.

Je sais pas par quoi finir :).. J'aurai voulu dire "je suis là" mais même si les liens se tissent vite sur le net on ne se connait pas encore vraiment ^^ alors disont ton joueb est là, et nous avec pour en reparler n'importe quand.

Bises

 
ImpasseSud
29-12-02 à 11:51

Moi aussi j'ai eu les larmes aux yeux en lisant ton post (très bien écrit, je suis d'accord).

ça m'a rappelé ma réaction à la mort de mon père.
Quand il est décédé, il y avait déjà un certain nombre d'années que j'étais partie de la maison, et assez loin. Mais le hasard avait voulu qu'une semaine avant, alors que j'étais de passage, il m'ait demandé pardon de sa froideur à mon égard, comme s'il avait présenti sa fin... Il s'agissait là d'un geste tout à fait extraodinaire de sa part, mais je n'avais pas pris le temps de m'y arreter. Quand je suis revenue pour l'enterrement et que j'ai retrouvé une famille que je voyais peu, j'ai eu l'impression qu'il s'agissait de ce qu'on appelle une "réunion de famille", dont il était absent pour raison de santé.

Deux mois plus tard, alors que j'étais rentrée chez moi,un matin je me suis éveillée en larmes... et je n'ai pas arreté de pleurer pendant deux jours.
Finalement j'étais au rendez-vous, mais trop tard, et je comprenais que lui et moi avions perdu des tas d'occasions.

Pourquoi la vie veut-elle que nous manquions les rendez-vous importants?

 
tessa
29-12-02 à 14:04

Re:

...;-)