En effet je ne sais toujours pas comment me comporter. Le fait de donner une pièce est aussi, malgré toute ma bonne volonté, un acte un peu humiliant pour celui ou celle à qui je la donne. Résultat j'essaie de la donner le plus rapidement possible et là c'est le problème inverse. Je passe pour un malpoli.
Malgré toutes mes tentatives pour avoir l'air à la fois humble et généreux je n'y arrive pas. Je me sens toujours tiraillé entre la peur du mépris et la peur de la pitié. Je me dis aussi que ce que le reflet de ma mauvaise conscience, que je ne donne que pour me faire pardonner le fait d'avoir un toit et à manger. Oui, me dis-je, bien sûr c'est du joli tout ça mais si tu ne donnes pas il va être encore plus dans la merde...
Doit-on tout laisser tomber pour aller laver les pieds des lépreux aux Philippines ?
(oui mais tout ça ne serait que de l'orgueil, regardez moi l'être généreux qui va laver les pieds des lépreux...)
Je ne m'en sors pas !
Commentaires :
quand on donne une pièce à un clochard c'est pour avoir l'impression de faire quelque chose, quand on sourit à un passant juste pour sourire c'est même pas juste pour sourire c'est pour montrer qu'on est jovial et équilibré, etc
tout ça pour dire qu'on fait toujours les choses pour soi, mais c'est pas pour ça qu'il faut pas les faire...
Bien cynique ton commentaire Parapapaf !
Je suis d’accord avec Laurent51 : les gens en difficulté ont également besoin de sourires et de considération.
Mais je comprends parfaitement le dilemme de Kolia : on fait ça en vitesse, on se défile, car on veut être le plus discret possible, ne pas blesser… Et puis on ne fait pas ça pour la galerie. Difficile de trouver la mesure exacte, car en plus chaque personne qu’on essaie d’aider a aussi sa personnalité et ses susceptibilités. Et tout au fond de soi il reste un petit malaise, car on se demande si on n’a pas été trop sec, si on n'aurait pas pu faire plus….
Je crois malheureusement qu’il n’y a aucun remède à cette impression : il faut vivre avec car tout le monde n’a pas la vocation du missionnaire ou de Mère Thérèse de Calcutta. Si on est convaincu de ce que l’on fait, il faut continuer, surtout ne pas s’arrêter, tant pis pour les complexes… Au moins on échappe à l’indifférence qui est pire de tout.
Une chtite piece...
Alors, un bonjour, un sourire chaleureux, voila qui, je crois, sera le meilleur accompagnement au bruit de ta petite pièce qui tombe.