"C'est dangereux les escalators de Châtelet les Halles. 15 heures 45, on peut y entendre sans le faire exprès (car la pouffe parle fort) :

-Putain je kiffe grave les sushis.
-Ahhh comment tu fais, c'est du poisson cru.
-Attend t'es ouf, j'en boufferais toute l'année, c'est grave trop bon.
(A noter, la répétition du terme "grave" exprimant dans le vocabulaire urbain actuel quelque chose entre le superlatif et le jugement favorable envers un objet, une action ou une pensée).

Ajoutez à cela des copains au gel dans les cheveux et aux lunettes de soleil dans le métro. Rajoutez une couche de maquillage superfétatoire (je sais plus la signification de ce mot mais je le trouve full coll) des talons mal portés et un pantalon trop moulant pour des fesses qui, visiblement, ne se contentent pas que de poisson crus.
Vous obtenez un être vivant (moi) qui se dit que son petit peu d'intelligence et son semblant de délicatesse sont pire qu'une malédiction. Il faut affronter la vérité en face, avoir un cerveau c'est, dans le monde d'aujourd'hui, avoir le mauvais oeil. Être sensible c'est être maudit, et le malheureux amateur de beauté sort définitivement inadapté d'un match perdu d'avance contre les poufiasses du quotidien.
Je dois brûler mes livres et me mettre au journal télé. Rendre mon album de Radiohead, but de ma visite à la FNAC des Halles, et acheter le dernier Jennifer ou le dernier Céline Dion, ou les deux..."