Comme un journal (13)
"Rentrée faite depuis une semaine. Ça m'a fait plaisir de revoir certains amis. Oui je dis amis, pas collègues. J'aime pas le mot collègue.
Mes classes sont pas mal du tout. Surtout les sixièmes, j'adore leur enthousiasme, leur façon de se précipiter pour répondre. C'est touchant. Surtout quand on pense qu'un jour où l'autre ça va se casser, ils grandiront et là, hop, fini l'enfance. Enfin la vraie enfance, pas la pseudo "oui c'est vrai j'ai gardé une âme d'enfant, hi hi hi".
Que ce soit bien clair, on ne peut pas prétendre être adulte et avoir une âme d'enfant. Le monde est déjà passé par là et a tout piétiné.
En attendant j'essaie au maximum de développer cette vraie innocence. Ça fait du bien de voir des gens qui n'ont pas encore grandit, qui sont ébahi quand je leur montre avec de l'argile comment est-ce que les hommes écrivaient avant le papier. C'est ce que je regrette le plus d'avoir perdu, ma faculté d'étonnement et d'émerveillement devant l'univers entier.
Toutes mes classes sont donc plutôt correcte, enfin autant que cela peut être possible dans une ville qui est parmi les plus pauvres de France. Toutes ? Pas exactement quand même, il y a une quatrième qui va me causer pas mal de soucis. Il y a dedans un petit groupe de caïds qui va me donner du fil à retordre (oh la belle expression des BD de ma jeunesse...). Bon, cela sera dur, c'est comme ça. J'ai eu quand même un moment d'inquiètude avant de me coucher hier soir. Comment je ferai la prochaine fois, etc. etc. Je sais que je ne dois pas y penser, que c'est le piège absolu pour un prof. Pour contrer cela j'ai acheté Sim City 4, hé hé, je sais que ça va me détendre.
Un autre truc qui va m'aider, c'est le Taï Shi. Oui bon faire du Taï Shi c'est très bourgeoisie parisienne mais :
- J'en fais pas à Paris.
- J'en ferais jamais aux Buttes Chaumont, ou pendant l'opération Paris plage.
- Je peux plus faire de judo pour l'instant.
En fait ce que j'aime bien dans ces enchainements de mouvements, c'est la lenteur et la gravité. Aller au ralenti, ça me plait. Je commence la semaine prochaine.
J'essaie de prendre des photos et de continuer à écrire comme pendant l'été. Mais c'est plus dur, j'ai du mal à prendre le recul nécessaire et effectivement je n'ai rien écrit d'autre que quatre phrases cette semaine. C'est mieux que rien. Je rêve cependant parfois d'une retraite dans les Cevennes ou au nord de l'Ecosse. Une rencontre avec moi et surtout laisser un peu de côté cette bétise caché à chaque coin de rue.
C'est quand les prochaines vacances, mmmouais, pas tout de suite...
Bon regardez le tableau, je vais vous montrer comment le dessin d'une vache est devenu un signe cunéiforme, c'est à dire une sorte d'écriture.
Ça leur plaît. Ma place est encore ici."
Mes classes sont pas mal du tout. Surtout les sixièmes, j'adore leur enthousiasme, leur façon de se précipiter pour répondre. C'est touchant. Surtout quand on pense qu'un jour où l'autre ça va se casser, ils grandiront et là, hop, fini l'enfance. Enfin la vraie enfance, pas la pseudo "oui c'est vrai j'ai gardé une âme d'enfant, hi hi hi".
Que ce soit bien clair, on ne peut pas prétendre être adulte et avoir une âme d'enfant. Le monde est déjà passé par là et a tout piétiné.
En attendant j'essaie au maximum de développer cette vraie innocence. Ça fait du bien de voir des gens qui n'ont pas encore grandit, qui sont ébahi quand je leur montre avec de l'argile comment est-ce que les hommes écrivaient avant le papier. C'est ce que je regrette le plus d'avoir perdu, ma faculté d'étonnement et d'émerveillement devant l'univers entier.
Toutes mes classes sont donc plutôt correcte, enfin autant que cela peut être possible dans une ville qui est parmi les plus pauvres de France. Toutes ? Pas exactement quand même, il y a une quatrième qui va me causer pas mal de soucis. Il y a dedans un petit groupe de caïds qui va me donner du fil à retordre (oh la belle expression des BD de ma jeunesse...). Bon, cela sera dur, c'est comme ça. J'ai eu quand même un moment d'inquiètude avant de me coucher hier soir. Comment je ferai la prochaine fois, etc. etc. Je sais que je ne dois pas y penser, que c'est le piège absolu pour un prof. Pour contrer cela j'ai acheté Sim City 4, hé hé, je sais que ça va me détendre.
Un autre truc qui va m'aider, c'est le Taï Shi. Oui bon faire du Taï Shi c'est très bourgeoisie parisienne mais :
- J'en fais pas à Paris.
- J'en ferais jamais aux Buttes Chaumont, ou pendant l'opération Paris plage.
- Je peux plus faire de judo pour l'instant.
En fait ce que j'aime bien dans ces enchainements de mouvements, c'est la lenteur et la gravité. Aller au ralenti, ça me plait. Je commence la semaine prochaine.
J'essaie de prendre des photos et de continuer à écrire comme pendant l'été. Mais c'est plus dur, j'ai du mal à prendre le recul nécessaire et effectivement je n'ai rien écrit d'autre que quatre phrases cette semaine. C'est mieux que rien. Je rêve cependant parfois d'une retraite dans les Cevennes ou au nord de l'Ecosse. Une rencontre avec moi et surtout laisser un peu de côté cette bétise caché à chaque coin de rue.
C'est quand les prochaines vacances, mmmouais, pas tout de suite...
Bon regardez le tableau, je vais vous montrer comment le dessin d'une vache est devenu un signe cunéiforme, c'est à dire une sorte d'écriture.
Ça leur plaît. Ma place est encore ici."
Ecrit par Kolia, le Mardi 9 Septembre 2003, 11:41 dans la rubrique Moi moi et encore moi.
Commentaires :
Je voudrais encore me faire des entorses et pleurer
Un peu de crème sur ma hanche.
Il suffira de masser en décalant le derme pour que ça s'arrange et que ce ne soit plus qu'un souvenir.
De ces rappels sur la peau ou en dedans d'elle, les cicatrices, les aliénations cutanées, les entorses, les coups.
L'envers du bleu.
Je presse mon index et pour un peu on pourrait croire que mon fémur va sortir, dire de se calmer.
De cesser les palpations.
Je sais que je ne suis plus toute petite parce que les coups que j'assène je m'en souviens bien.
Je me souviens aussi de façon très précise de ceux que je reçois.
Avant j'oubliais.
Avant la mémoire est sélective.
Avant on est, comment dire, pas pourri de l'intérieur.
Cet intérieur que je voudrais décontracter.
Trois petites gouttes de sueur se logent dans mes yeux.
Mon adversaire est massive.
Pourtant je ne fais que deux kilos de moins qu'elle.
Alors je ferme les trous de ma face.
Je respire du dedans vers le dehors.
Et je me dit que je vais gérer.
Une sarabande, une chorégraphie du mouvement, presque de la mimodynamique cérébrale.
C'est ma dernière compétition de Penchack et je tremble.
Demain promis je me met à l'aquarelle.